L'histoire de Figuig remonte à des temps fort reculés comme en témoignent les gravures rupestres restées de la civilisation édifiée par les hommes à l'âge de la pierre taillée. D'autres vestiges indiquent que les habitants de la région, les Zénatas ont été les premiers à opter la religion musulmane.

La position stratégique de Figuig a fait que, tout au long de l'histoire, la région était le théâtre d'événements et de faits dus successivement à l'incursion des Idrissides au IVème siècle de l'Hégire, des Sanhajas à la fin du VIème siècle et au début de Vème des Mérinides, Maakal et Salim au IVème siècle de l'Hégire. La région de Figuig a été également en contact avec les Turcs à partir du IXème siècle comme elle a fait l'objet d'intrigues de la part du colonialisme français dès le début de la deuxième moitié du XIIIème siècle de l'Hégire.

L'oasis de Figuig a été depuis la conquête de l'Islam, un haut lieu de rayonnement intellectuel avec des multiples centres et de nombreuses Zaouias qui ont été souvent créées par les Chérifs Idrissides et qui ont perpétué les sciences et les connaissances jusqu'à la fin du XIIème siècle de l'Hégire. Parmi les plus anciens édifices figure la célèbre mosquée construite au Vème siècle de l'Hégire par les descendants du Chérif Abderrahman connu sous le nom de Elouadghiri Ben Ali surnommé Abou Yaala Ben Ishak, surnommé Abdeloula Ben Ahmed Ben Mohamed Ben Moulay Idriss II Ben Moulay Idriss I. Juste à côté de la dite mosquée fut édifié en pierres un minaret encore existant de nos jours. Ce minaret a une base carrée de 4.50 m de côté qui devient octogonale à partir de la hauteur de 5.20 m par l'adjonction de nouvelles faces de 1.80 m entre chaque deux côtés du carré de base. La hauteur totale du minaret est de 19 m, son mur extérieur est constituée de plaques calcaires de 0.154 m alternant avec des couches, de 5 cm d'argile jaune ce qui donne à l'ensemble de l'architecture l'aspect d'une construction en pierres seules. Le nombre de plaques ayant servi à la construction du minaret est évalué à 13.000 pièces. A l'intérieur, le minaret a une forme circulaire, il est recouvert d'une argile grise fort endurcie.

Sur toute la hauteur du minaret, se dresse en son milieu un pilier de forme prismatique. La porte d'accès au minaret fait 1.40 m de haut et 0.90 m de large. La forme octogonale du minaret, architecture difficile à réaliser et par ailleurs inconnue dans la région, attire particulièrement l'attention.

La Zaouia, pour l'enseignement des sciences religieuses et du Coran, a été édifiée dans l'espace se trouvant entre la mosquée, le minaret et l'ancien bain (Abou-Maslout).

Une fois la construction achevée, les habitants, se sont attachés à assurer les moyens de fonctionnement et les équipements nécessaires à toutes les dépendances de la mosquée et du minaret et ce en contribuant à la création de biens religieux. C'est le cas pour la plupart des grandes mosquées des Ksors de la région de Figuig. C'est ainsi que les biens religieux constitués permettaient de payer la solde de l'Imam et du Muezzin, à assurer l'éclairage de la mosquée et du bain d'ablutions attenant. Les fonds des biens religieux contribuaient donc à la préservation des fondements de la religion et à la propagation de la pratique religieuse.

D'éminents savants théologiens, hommes de religion et rénovateurs se sont succédés pour la direction de la mosquée ancienne de Figuig s'adonnant à l'enseignement et à la propagation du renouveau intellectuel dans toute la région.

Se référant à certaines informations transmis par les anciens et à des traditions vécues, il est à constater que la direction de la mosquée ancienne a toujours été confiée à d'éminents Oulémas et à des professeurs remarquables ainsi qu'à des Imams connus pour leur piété. Suivant les renseignements disponibles, nous avons essayé, dans le présent ouvrage, de faire connaître certains d'entre eux, laissant le soin à d'autres chercheurs l'approfondissement du sujet et la présentation des différents imams et hommes célèbres de Figuig.

En conclusion, il est possible de dire que la connaissance de l'histoire de Figuig n'est qu'à ses débuts et qu'il subsiste beaucoup de questions auxquelles chercheurs et historiographes devraient trouver des réponses en se basant en premier lieu sur les documents actuellement éparpillés et se trouvant emprisonnés dans les coffres et les étagères privées. Il sera également utile de se pencher sur les documents manuscrits et les publications consacrées à l'étude des régions de Sijilmassa Zab et dont Figug était partie intégrante jusqu'à l'avènement du XXème siècle.

Le Professeur
Al Arabi Hilali

Le matin du Sahara et du Maghreb

Mardi 20 Avril 1999 - N° 10.315

 

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